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Au congrès de la Fnb à Autun La bataille de la compétitivité est l’affaire de toute la filière bovine

Selon les éleveurs de bovins viande de la Fédération nationale bovine (Fnb), il revient dorénavant aux secteurs de l’aval et de l’amont, à l’administration et à l’Union européenne de livrer à leur tour leur part de la bataille de la compétitivité. Elle ne repose pas uniquement sur leurs épaules. Le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire a en partie abondé dans leur sens en tenant un « discours de vérité » s’adressant à tous les acteurs de la filière. Un discours qui n'aura en rien ressemblé à une nouvelle leçon de compétitivité.

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Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture et
Pierre Chevalier, pdt de la Fnb (© DR)
«Les éleveurs n’acceptent plus des leçons de compétitivité par tous ceux qui en donnent au lieu de se les donner ». Le message de Pierre Chevalier porté au ministre de l’agriculture venu clore le congrès a été à peu près entendu puisqu’il a déclaré alors que Bruno Le Maire venait de finir son discours : « nous en attendions plus, nous aurions pu en avoir moins». Les propos tenus par dy ministre, comme ceux du président de la Fnb, traduisent avant tout le chemin qu’il reste à parcourir pour résoudre les problèmes des éleveurs de bovins viande, aux revenus agricoles parmi les plus faibles. Mais les énergies à déployer visent dorénavant à s’attaquer aux problèmes de fond et non plus à remédier aux situations d’urgence. Il faut pour cela mobiliser tous les acteurs aval et amont de la filière et, pas seulement les éleveurs.

Les plans de soutien et de relance ne sont plus d’actualité. Une année blanche aurait cependant été la bienvenue.

Bruno le Maire en phase avec les éleveurs

Pierre Chevalier a dressé un vaste tout d’horizon des sujets d’actualité. Il a rappelé l’absence de transparence en matière de cotation et de pesage. Mais aussi l’inadéquation des outils financiers et


Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture
(© Terre-net Média)
 fiscaux pour reprendre des exploitations et pour les moderniser (les Dpa ne sont pas adaptés pour les éleveurs). Les éleveurs ont avant tout besoin de prix et de sécurité pour avoir plus de visibilité sur l’avenir. Les troupeaux sont détenus à plus de 80% par des éleveurs de 50–55 ans installés sur des exploitations de plus de 100 ha. Le président de la Fnb est aussi revenu sur les modalités de la vaccination de la Fco.

 

En fait, les producteurs de bovins viande sont aujourd’hui convaincus d'avoir fait ce qu’il fallait pour être plus compétitifs. Leur malaise est d’autant plus difficile à supporter que les cours mondiaux de la viande se rapprochent de ceux en vigueur dans l’Union, poussés par la consommation mondiale en forte hausse. Ils n’ont donc aucune raison de ne pas profiter à leur niveau de la reprise mondiale.

Bruno Le Maire, le ministre de l’agriculture est en phase avec les éleveurs la Fnb. Il a tenu un discours de « vérité », mettant les différents acteurs de la filière face à leurs responsabilités.

« Je ne veux plus que vous soyez grugés »

Les prix des produits alimentaires devront répercuter les hausses des coûts de l’alimentation animale mais sans plus ! Revenant sur le système de cotations, « qui date de 50 ans », basé sur les cours des vaches de réforme. Il a déclaré qu’il veut dorénavant « de la transparence, de la vérité et de l’équité en matière de prix. Je ne veux plus que vous soyez grugés ». Car la compétitivité relève aussi de meilleurs prix payés aux producteurs. Le ministre veillera à ce que les machines à classer dans les abattoirs de plus de 3.000 tonnes soient bien installées (date limite du 1er février). Sur ces sujets, il a déploré une certaine léthargie de la profession et des responsables professionnels sur ces sujets.

Bruno Le Maire attend aussi beaucoup de l’audit sur les abattoirs. Selon lui, les différences de coûts de main d’oeuvre entre la France et l’Allemagne n’expliquent pas seulement les différences de productivité et les surcharges qui pèsent sur les éleveurs.

Pour ce qui relève directement de la compétence de son ministère, Bruno Le Maire a fait quelques annonces sur le règlement des aides Pmtva et sur la part nationale de la prime vache allaitante. Il s’attaquera au coût du travail permanent en agriculture avant l’été car « il y a urgence d’agir ». Il est revenu sur le dossier photovoltaïque en entendant la demande des éleveurs de pouvoir dégager un revenu complémentaire à partir du rachat de l’électricité photovoltaïque produite par des panneaux solaires installés sur leurs bâtiments. Les JA estiment que ce revenu est devenu indispensable pour rentabiliser leurs projets d’installation. Mais la préférence du ministre porte plutôt sur la méthanisation et l’augmentation du prix du rachat du biogaz.

Après quelques chahuts

A l’interprofession, le ministre attend des propositions sur les contrats types à mettre en place d’ici mars, mais aussi, d’ici juin, sur les contrats interfilières pour que les éleveurs bénéficient d'un prix de l'alimentation animale plus stable qu’aujourd’hui. Ces derniers ne voient pas d’objection à la mise en place de la contractualisation mais Jean-Michel Scaheffer, président de JA a rappelé qu’ils ne peuvent être qu’un outil parmi tous les autres à mettre en place.

Le dernière partie du discours du ministre de l’agriculture a porté sur l’évolution du débat sur la Pac pour l’après 2013 (budget, projet, outils de régulation). Il souhaite que Bruxelles revoit son projet de zonage des zones défavorisées simples « pas favorable à la France ». Or il conditionne l’octroi des aides d’Ichn, Phae, des aides dont ont besoin les éleveurs. « Je défendrai le verdissement des aides à condition qu’il encourage et valorise les efforts des producteurs ». Il n’est pas question de rajouter des charges supplémentaires dans quelque domaine que ce soit.

A l’international, l’hôte de la rue de Varenne a assuré aux congressistes de la Fnb « qu’il refusera tout accord entre l’Union et le Mercosur qui se ferait sur le dos des éleveurs français ».

Si le ministre de l’agriculture suscite par sa fonction beaucoup de méfiance auprès des éleveurs, ceux-ci ne sont pas insensibles à l’investissement personnel de Bruno Le Maire sur les nombreux dossiers qu’il porte depuis son arrivée rue de Varenne.

A Autun, après quelques chahuts, le calme est revenu progressivement dans la salle du congrès durant son intervention. Probablement parce que son discours "de vérité ", très pédagogique, ne ressemblait en rien à la « nouvelle leçon de compétitivité » crainte par Pierre Chevalier.

 

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